Kyôto, chambre ISE, 14 juillet, 13h30, jour 24.

De retour à Kyôto après un fantastique weekend à Tôkyô-Yokohama-Yokosuka avec mes amis. Ca faisait réellement un bail que je n’avais pas passé un weekend du genre.

Comme vous avez pu vous en rendre compte, vendredi je me faisais royalement chier. Quand je suis parti rejoindre Anna dans la gare de Tôkyô on s’est presque raté. Le quart d’heure de retard venait de passer, juste quand j’allais demander au personnel de la gare l’emplacement des téléphones publics les plus proches j’entends Anna m’appeler dans on dos. Son cours a fini un peu plus tard que d’habitude, pas de problème, l’essentiel est qu’elle était là et que je ne m’étais pas trompé d’endroit….parce que la gare de Tôkyô c’est aussi grand que certains aéroports….On a un peu discuté et ensuite on est allé à Tôdai pour scruter un peu les bibliothèques à la recherche de livres pouvant m’être utile. C’est quand même impressionnant cette fac, j’attends de voir si un jour on aura la même chose en France…On est au final, elle et moi, dans la même année universitaire, en train de faire notre Master Degree, sauf que eux, à Tôdai, ils ont droit à un bureau fermé pour les étudiants chercheurs, où ils peuvent venir travailler quand bon leur semble, à deux pas de la (très bien fournie) bibliothèque de leur spécialité. Résultat : j’ai encore trouvé une petite dizaine de bouquins très intéressants, mais nous n’avons pu en sortir que 6 ou 7, les autres se situant dans une autre bibliothèque déjà fermée. Notre pile de bouquin dans les bras on est donc retourné dans son bureau pour faire un peu le tri de ce dont je pourrai avoir réellement besoin. Pendant ce temps, un de ses camarade de promo est entré dans le bureau, super cool type qui a fait un an d’étude à Mainz ! Nous nous sommes donc retrouvés à parler allemand, c’était du gros ! Je m’y attendais franchement pas. Je parlais français avec Anna, allemand avec lui et japonais avec l’autre chercheur qui était là, en histoire aussi, c’était franchement amusant. Pendant ce temps, Anna, qui décidément aime beaucoup Monsieur Koala, leur a fait découvrir, ils veulent tous les deux le cd maintenant ! Y a peut-être du potentiel au Japon, qui sait ?

Après avoir fini de trier les parties des livres dont je pourrai avoir besoin, on est parti manger avec Anna et son collègue germanophone, qui connaît comme sa poche tous les recoins d’Ikebukuro, le quartier des râmen. Au Japon, enfin à Ikebukuro en tout cas, il est de coutume que quand on sort manger après le premier restaurant, on aille toujours manger un bol de râmen. Nous avons commencé par un restaurant de yakibuta,parce qu’ils y servent principalement des brochettes de porc (à peu près toutes les parties du pauvre animal sont disponibles…), mais pas seulement ! En plus d’avoir pu goûter à la diversité d’un porc grillé en brochette, j’ai pû goûter quelques trucs dont on m’avait un peu parlé….dont le bashimi, ou cheval cru, un vrai délice. J’ai aussi testé le porc cru, c’est vraiment super bon. Ca paraît un peu farfelu comme ça pour un français de manger ça cru mais c’est vraiment bon, et très bon pour la santé qui plus est. Après avoir bien mangé un peu de tout ce qu’offrait ce restaurant, comme les onigiri grillées dans le shôchû, franchement bon, et pourtant si simple à faire, nous sommes sorti de là pour aller dans un restaurant de râmen. C’est impressionnant, il devait bien être 22h30, et selon la qualité des endroits, des fois les gens faisaient la queue jusque dans la rue pour pouvoir en manger. Nous avons donc mangé des râmen et des gyôza dans ce restaurant, sympa. Très sympa même. Après cet excellent temps passé ensemble tous les trois, nous nous sommes séparés, Anna et moi en route pour prendre le train pour Yokohama….et quel train ! J’ai eu droit à mon premier vrai baptême de train bondé à la japonaise. Bon, comme nous étions arriver en avance et que la gare de Tôkyô est la gare de départ, nous avons pu nous asseoir tranquillement. Mais quelques instants avant que le train ne démarre, ça a commencé, et au premier arrêt, je les ai vu, ces types en uniforme qui poussent les gens pour que tout le monde arrive à entrer dans le train….un truc de fou ! En france, si les gens essayaient de pousser ainsi, ça finirait en boucherie, pour sûr ! Retour à Yokohama, trois ans après. Nous avons marché un peu pour récupérer le vélo d’Anna, puis en selle, enfin elle sur leporte-bagage, moi sur la selle et nous voilà sur les routes de Yokohama pour rejoindre son appart. Quel instant retour en arrière, l’impression si présente de n’être pas au bon endroit sur la ligne du temps. Dans ces mêmes rues, trois ans plus tôt la même scène se déroulait déjà. Avais-je fait un bond entre les sphères sans même m’en rendre compte ? Non, il était indéniable que du temps s’était écouler entre ces deux instants, le fait qu’elle parlait maintenant français et moi japonais en était la preuve indiscutable. Après cette traversée sous les étoiles de Yokohama, nous sommes arrivés chez elle, dans les hauteurs de la ville. Je retrouvais cet endroit, presque inchangé, sauf que les livres écrit en français avaient remplacés ceux en japonais trois ans plus tôt, je reconnaissais aussi tout de suite une carte. Cette carte que l’on s’était tous offerte avant de se quitter à la fin de notre camps à Kamaho. Quel effet bizarre que de revenir quelque part où l’on a déjà été. Dans mes voyages, c’était bien la première fois que mes pas me ramenaient dans des endroits déjà vu, où les souvenirs avaient laissé la place à la réalité. Quelle agréable sensation, même à l’autre bout du monde, séparé par le temps et la distance, les sentiments humains sont capable de perdurer, quel bonheur de prendre conscience de manière si indiscutable de cette conclusion ! Après une petite douche chacun, Kazuki et Shôhei sont enfin arrivés, 2h du matin, 3h de retard…et ouais ! Lui aussi c’est un sacré numéro le Kazuki ! Shôhei, je l’avais un peu moins connu, mais si il est maintenant le petit-ami d’Anna depuis des années, c’est que c’est forcément un type bien. Au final, on était tous complètement crevés, mais pour fêter les retrouvailles on s’est quand même autorisé une glace. On a du tous se coucher vers 4h du matin, sauf Anna, qui lis un livre en ce moment sur pourquoi les femmes japonaises sont différentes des femmes françaises….alors, une idée ? Intéressant en tout cas. 9h30, réveil, puis petit-déj. Et là, je me rappelais avec une précision extraordinaire pourquoi j’adorais tant Anna. Dormez avec elle quelque part où elle a ses marques de faites, et regardez-là préparer un petit-déjeuner….un festin d’une beauté incroyable et totalement succulent ! Pendant un bonne demi-heure Shôhei et elle se sont affairés à nous concocter un vrai petit plaisir de la vie. Apprès quoi, Kazuki et Shôhei sont partis en voiture à Kamaho et Anna et mois sommes partis faire une copie des parties des livres dont j’avais besoin. Cette fois-ci par contre, deux vélos, un chacun, et heureusement. C’est ce matin-là que j’ai rebaptisé Yokohama en Yokoyama. Ca monte sacrément par endroit dans cette ville ! A 12h tout était bouclé et à 13 nous étions dans le train en direction de Kamakura, vachement plus vide que celui de la veille, bien que par un samedi ensoleillé comme celui-ci, beaucoup de gens vont à Kamakura pour profiter du calme de la petite ville de bord de mer. Une fois arrivés, nous sommes allés à Kamaho, lieu de tant de vie. Il est impressionnant de voir à quel point tous ces enfants…..ont grandi ! Beaucoup ne sont plus là, malheureusement d’autres les ont remplacé. Mais ce fut une après-midi très sympa. D’abord nous avons déchargé le matériel de Kazuki qu’il est venu donner à Kamaho pour donner un coup de pouce aux jeunes qui quittent l’institution pour s’installer seuls. Ensuite, nous avons simplement passé du temps avec les enfants, il y a beaucoup de tout petit maintenant, c’est assez surprenant. Mais qu’est-ce qu’il sont mignons ces enfants. J’ai aussi pu revoir quelques-uns des enfants qui étaient déjà là quand j’étais venu la dernière fois. Ce qui est rigolo, c’est que les plus âgés de l’époque m’ont oubliés, mais les plus jeunes se souvenaient de moi. J’aurai plutôt imaginé l’inverse, mais quoi qu’il en soit, trois ans c’est long, surtout quand ça constitue un tiers ou un quart de votre vie. On a joué avec les gosses….comme des gosses à vrai dire, à jouer au loup, faire de la balançoire, ou bien juste rester assis côté à côte et dispenser un peu de chaleur humaine. J’espère que je pourrai revenir les voir encore et encore, il devrait interdit de faire des enfants pour les abandonner plus tard ! Le genre humain n’est pas toujours ce qu’il devrait être.

Vers 16h30 nous sommes parti, Anna et moi n’avions pas eu de déjeuner et nous commencions à avoir réellement faim, surtout qu’on avait pas arrêter de courir ! Petit stop dans un seven eleven pour prendre un petit en-cas et nous voilà tous les quatre dans la voiture de la mère à Kazuki, en route vers Yokosuka, lieu de l’appart temporaire de Kazuki, qui en fait ressemble plutôt à l’endroit où son père vient décompresser du stress quotidien. Vue sur la mer et sur le petit port de pêche et de plaisance, très joli. Super bien pensé, disposant de ce qui se fait de mieux en matière de technologie japonaise. Un petit bijou cet appart ! Après avoir posé nos affaires là-bas, nous avons rejoint Sô à la gare de Yokosuka et nous sommes allé manger dans un restaurant d’okonomiyaki. C’était trop sympa, Ce fut ma fête d’anniversaire, ils me l’ont même chanter ! Le tout sur un fond de nourriture et boisson à volonté, ce fut vraiment super sympa. On à donc manger un peu de tout ce qui se faisait dans ce restaurant, à la manière du Kantô, celle du Kansai, au fromage ou non, végétarien, avec de la viande….et voilà, j’étais en train de reprendre tous les kilos que j’avais perdu, mais je m’en foutais à vrai dire, la vie est faite pour être vécue à 100% ! C’était vraiment cool, d’autant plus que maintenant je pouvais vraiment discuter avec tout le monde, la langue du repas étant le japonais, personne n’était mis de côté…sauf moi de temps en temps, ça me demande toujours une certaine présence d’esprit de suivre des discussions en japonais et d’y prendre part, surtout dans ce genre de conditions, où tout est à volonté….mais ce fut un plaisir de pouvoir enfin discuter pour de vrai avec Sô, qui en plus d’être une barraque et une beau gosse, est vraiment gentil et intéressant. Après ce repas, nous nous sommes séparés, les trois autres se sont en allés vers la gare et Kazuki et moi vers chez lui. Mais au bout d’un quart d’heure, alors que nous venions juste d’arrivr chez lui, il reçoit un coup de fil de Shôhei qui proposait de continuer la soirée au karaoke. Adjugé ! Et voilà comment vingt minutes plus tard nous étions tous dans un karaoke à chanter et à s’éclater de tout notre saoul. C’était vraiment trop excellent ! Chacun à se spécialité en plus on dirait ! Anna, c’est les chansons qui s’apparentent à de l’enka ou des trucs assez lent. Sô c’est définitvement les balades et l’enka d’homme. Shôhei c’est le punk/rock japonais et Kazuki plutôt ce qui se chante en anglais. On s’est vraiment bien éclaté ! Finalement, Anna et Shôhei nous ont quitté pour aller attraper le dernier train pour Yokohama, tandis que Kazuki, Sô et moi sommes encore resté une bonne heure à chanter comme des dératés. Ensuite, nous sommes rentrés chez Kazuki et avons bien du rester debout jusqu’à 3-4h du matin à parler. Qu’est-ce que le bohneur ? Quels en sont les prérecquis ? Peut-on être heureux en faisant ce que la société attend de nous ? Les clochards au Japon sont-ils les gens les plus heureux ? Bref, beaucoup de réflexions et de questions qui prouvent que peu importe notre couleur ou notre bagage culturel, nous aspirons aujourd’hui tous à la même chose, non ? Ainsi s’achevait samedi, un samedi bien sympathique.

Dimanche fut plutôt un jour à placer sous le signe du calme après la tempête. Les couchers très tard des deux derniers jours et les airs conditionnés m’avaient été fatal, et je pouvais déjà sentir poindre l’angine….et merde, deux en trois semaines, ça soule ! Va falloir que je trouve des parades, il est hors de question que ça se passe ainsi à Taïwan, à aller chez le docteur deux fois pas mois, qui plus est pour la même chose ! J’ai taxé quelques aspirines à Kazuki, puis tous les trois nous sommes allé sur Sarujima ou l’île aux singes. Petit îlot, autrefois base militaire, aujourd’hui attraction touristique, plein de charme, à dix minutes de bateau de Yokosuka. Nous sommes resté deux ou trois heures sur cette petite île à en faire le tour, à voir que même ici la France exerça son influence, dans le style architectural des tunnels à objet militaire…C’est vraiment un petit charme, concentré de nature. Seules la plage rappelle le nouveau rôle joué par cet endroit. Après ce moment de détente et un petit hot dog à la japonaise, qui ressemble plus à un case-dalle qu’à un hot dog, nous sommes retourné sur l’île principale du Japon. Et là, comme j’avais à Kazuki que j’avais vraiment envie de le faire, et bien on l’a fait, ensemble, tous les trois ! D’ailleurs sur le chemin, nous avons croisé une manif’ du parti communiste japonais. Pas mal ! Arpentant les rues de Yokosuka, à la recherche de l’endroit le plus approprié, nous avons finalement trouvé l’endroit idéal. Nous entrons, un homme nous guide à l’étage et nous y voilà. Dans la salle d’attente de cet opticien, prêts à tester, tous les trois pour la première fois, des lentilles de contact de couleur. Quelle éclate, je vous jure !! Sô s’est retrouvé avec des yeux verts, Kazuki avec des bleus et moi un bleu et un vert ! C’était ma première fois de tenter de mettre des lentilles…et ben c’est pas gagné ! J’ai galéré bien 10 minutes à en enlever une, et au moins le triple à en mettre une….quel handicapé je fais, heureusement que je me destine pas un métier manuel. Nous sommes donc tous les trois repartis de là, avec des nouveaux yeux pour deux semaines, gratuitement bien sûr, car avant d’acheter il faut pouvoir tester, n’est-ce pas ? Mais comme c’est personnel comme truc, on a eu un paire de lentilles d’une durée de semaines pour nous décider….mouarf, dans deux semaines je serai déjà de retour en France. nous sommes ensuite remontés sur Yokoyama pour rejoindre Anna. Mais comme nous devions bien avoir deux heures d’avance, nous avons squatté un mc do, je vous tester le megamac japonais…sympa faut avouer, mais ça ne vaut pas les quadruple whopper du burger king. J’ai fais un peu de shopping après pour acheter une sorte de yukata pour homme….à vrai dire je sais pas trop ce que c’est et j’hésite à sortir avec…si ça se trouve au Japon, c’est un pyjama ! Ensuite, quand nous avons rejoins Anna, Sô est rentré et avec Anna et Kazuki nous sommes allé manger, en vitesse, dans un petit restaurant avant de prendre le train pour Tôkyô et déjà m’apprêter à retourner sur Kyôto. Dans des moments comme ça, je me dit que j’aurai dû faire ma demande pour venir étudier dans une fac tokyoïte au lieu de n’avoir demandé que pour Taïwan, ces gens sont vraiment géniaux et s’en séparer même après un seul petit weekend est toujours une plaie. Anna commence à se transformer en parfaite française…a repérer tous les trucs gratuit et à en profiter sans retenue, c’est presque dépaysant. Kazuki….je sais pas trop comment le décrire, mais pour sûr, on a pas mal de traits de caractère en commun. Ils m’ont tous les deux accompagnés jusqu’à mon bus, puis après quelques embrassades, je prenais à place à bord de l’engin. La maladie était bien là, je pouvais désormais la sentir et si j’espérais au fond qu’elle s’esquiverait toute seule, j’étais bien conscient que la visite chez le docteur serait inévitable. Et voilà comment je rentrai à Kyôto après un formidable weekend avec mes amis du Kantô, pleins de nouveaux souvenirs, des livres pouer mes recherches pleins les bras. Un weekend productif sur absolument tous les plans possibles. J’avais même un paire de lentille de couleur, c’est pour dire !

Maintenant, il me reste encore 2h30 à patienter avant d’aller chez le docteur, car si je n’y vais pas, les choses ne vont pas s’arranger…Allez, à bientôt !

Tôkyô, 11 juillet, Café de jinbochô, quartier des livres. Jour 21. 12h2O.

Et voilà, je suis à Tôkyô, le glas sonne la moitié de mon séjour d’études au Japon et aujourd’hui je viens d’en remplir le principal objectif, à savoir : me procurer des documents pouvant m’aiguiller un peu pouor la suite de mes recherches. Et j’ai pu me rendre compte d’un truc, le sujet à quand même été traité sous plusieurs angles différents au Japon. Heureusement pour moi, je crois que la perspective que j’aimerai donner à mes recherches ne semble pas avoir été trop développée, je n’ai vu qu’un ou deux ouvrages traitant un peu de la condition humaine lors de la colonisation à Taïwan, et bien souvent en fait, ils sont complètement ethnocentrés sur la condition du Japonais. Au final, mes deux voyages au Japon et à Taïwan vont complètement se légitimer l’un l’autre, car je vais avoir besoin de voir où se situe le débat à Taïwan, si ils font preuve du même ethnocentrisme ou non. J’ai donc dépensé pas mal d’argent ce matin en fait, pour seulement trois bouquins, mais bon, c’est partout pareil : dès que l’on s’introduit dans des sujets spécialisés les prix montent…. presque 15000 yens trois livres….ça aurait pû être pire me direz-vous….mais je suis satisfait de mon forfait. Ils me prendront peut-être l’année à les lire, à les comprendre et à pouvoir les utiliser, mais au moins je suis heureux d’avoir une piste à suivre, des informations à creuser, et quelque chose d’intéressant à faire de mon temps. Ca commençait à me manquer d’être sorti de ce monde de la déduction, de l’analyse et de la compréhension qu’est celui de la recherche. Par contre, un truc est clair, l’eau de roche en devient opaque à côté, c’est que c’est vachement plus fatiguant de lire du japonais que du français, de l’anglais ou même de l’allemand. Moralité : faut que je lise beaucoup plus de japonais pour que cette concentration, uniquement focalisée sur le travail de lecture, s’amenuise.

Sinon voilà, je suis content, à avoir fait un peu quelque chose, presque deux heures se sont écoulées dans les librairies à écumer les rayons histoire et sociologie…ceci dit, je ne vais pas tarder à aller prendre le métro pour rejoindre la gare centrale de Tôkyô et aller en reconnaissance au futur point de rednez-vous avec Anna. Parce que même si hier après-midi j”étais allé en reconnaissance pour savoir où prendre le bus, et bien je m’étais complètement planté. Heureusement que j’ai harcelé des gens jusqu’à ce qu’ils réfléchissent un peu et m’indique le chemin correctement….heureusement, je l’ai eu mon bus….et purée, la prochaine fois j’opterai pour le luxe…parce que c’était vraiment long et désagréable…en plus j’étais à côté d’un gros blanc, genre armoire à glace danoise….j’aurai préféré être à côté d’un frêle nippon moi….non je ne suis pas xénophobe quand je voyage ! Mais déjà que les bus, les moins chers, ne sont pas bien spacieux, alors si en plus on est deux à avoir des épaules côte à côte, c’est pas super super, comme on dit dans bouchonnois…

15h, me voilà dans un Starbucks, derrière la gare, dans un building comportant un nombre incalculable d’étages et pourtant même pas une connection wifi à disposition….pitoyable, même le petit café où j’étais avant disposait de son propre réseau. Je viens de me balader pendant presque trois heures dans Tôkyô, que des coins que je n’avais jamais vu encore de cette ville….comme quoi je l’avais vraiment très peu découverte lors de mon premier voyage. Mais une chose est sûre : j’aime plus Tôkyô. Une fois qu’on a découvert le ryhtme de vie de Kyôto, peut-on encore apprécier la capitale nippone ? J’en sais rien. Ok, elle a de bien meilleures librairies, mais le taux d’agressivité y est aussi considérablement plus élevé. Ca klaxonne toutes les cinq minutes, ça marche à trois cent à l’heure, ça se bouscule, on est loin de la paix et de l’harmonie qui règne à Kyôto. Le centre de Tôkyô est vraiment différent des quartiers que je connais un peu mieux, à savoir Ueno et Ikebukuro, qui me paraissent quand même vachement plus calme. Par contre, à côté, Kyôto fait peut-être un peu village, c’est à peu près la même échelle si on mettais disons Paris et Strasbourg côte à côte. Donc, c’est vrai, ça dépayse, et ça pue, un peu comme Paris. Pourtant, c’est vachement plus propre ici. Par la fenêtre de l’immeuble, je vois deux CRS japonais, ça fait bizarre des les voir avec leur casque et leur matraque. Une image peu commune ici. Tiens, en y repensant, je me suis fait aborder par un flic avant..et pourtant je suis rasé. J’ai été plutôt surpris….j’ai aussi remarqué qu’à Tôkyô ils utilisent des boîtiers à ultra-sons pour que les jeunes ne restent pas à certains endroit, notamment devant les buildings de la finance qui bordent la gare principale. t après je m’étonne de ne pas du tout apprécier Tôkyô cette fois-ci…en voici sûrement quelques facteurs. Mais il n’y a pas que ça, il y a aussi la fatigue, le fairt que je me fasse chier comme un rat mort, que je sois dans un Starbucks parce que y a rien autour de cette gare à part des banques et des hotels et aussi le fait ben qu’aujourd’hui, je n’ai pas vu la rivière Kamo, je développe des symptômes de manque, voilà tout. Va falloir que je remplisse une bouteille de son eau et que je la mette dans mon sac quand je rentre, comme la sagesse ui empreint cette rivière m’accompagnera peut-être encore quand je rentrerai dans mon pays de fous.

A quoi est-ce que je pense ? Voilà ce que tu me demanderai. A rien, j’aimerai bien flotter dans les nuages, au-delà des préoccupations humaines et m’amuser à changer de consistance et de couleur. Un peu comme de la confiture que l’on mettrai dans une pièce sans gravité. Une forme en constant mouvement et pourtant sans aucune conscience ni volonté. C’est bien la première fois de ma vie que je me dis que ça pourrait être bien d’être de la confiture dans l’espace…non, je ne regrette rien pour l’instant. J’essaie d’évaluer mes besoins, voilà tout. Dans des instants comme celui-ci - y en aura-t-il encore beaucoup ? - j’écouterai bien Corto et Bouche-dorée parler un peu. Ils ont toujours des conversations d’une autre sphère, ça me repose et puis au moins ça me donne l’impression de pas être le seul à tenir des discussions de ce genre.

Ca fait un peu bizarre d’écrire en français à vrai dire. Hier soir, avant de quitter Kyôto j’ai fini un livre, Le Serment des Limbres, un roman policier chrétien…ouais, carrément, ça craint un peu, mais ça passe. Il est assez mal écris, et sa réponse à tout est toujours Dieu, mais les questions, bien que posées dans un français médiocre, sont souvent intéressantes à retourner vers soi. Je me suis donc posé pas mal de questions métaphysiques cette dernière semaine. Et comme j’ai très souvent tendance à beaucoup compliquer les choses, une petite question de rien du tout peut me faire réfléchir pendant deux heures. C’est ce qui s’est d’ailleurs passé presque à chaque fois, expliquant la vitesse ridicule à laquelle je l’ai lu.

Avec la pièce de Nô mes discussions avec la prof. Takaoka et mon habituelle propension à me poser des questions qui ne feront pas avancer grand monde, je me demandais si la tragédie grecque n’avait pas déjà tout compris à l’amour. Je veux dire, la dernière question sur laquelle je planche en ce moment est la suivante : la seule façon de vivre un amour éternel est-elle de se suicider avec cette personne quand l’amour n’est pas encore consommé, et donc encore revêtu de toute la magie et l’intensité du fantasme ? Vous vous y attendiez pas à celle-là, hein ? Mais on voit déjà les amants se suicider dans la tragédie grecque, s’empoisonner chez Shakespear, marcher ensemble vers la falaise dans le yukimichi chez les Japonais. Alors je me demandais si au final, le seul moyen de vivre un amour éternel et sublime n’était-il pas dans le double suicide amoureux ? Il y a d’ailleurs un mot particulier pour désigner ce suicide-là en japonais, n’est-ce pas là un signe de la légitimité de cette pratique ? Ah tiens, je suis allé faire un tour au temple Yasukuni avant, pendant ma balade. Assez grand comme truc, dites-donc ! Et dire que ce doit être un des lieux les plus sujets à polémique du Japon. J’ai commencé un peu à lire un des livres que j’ai acheté….moi qui veut devenir célèbre dans mon domaine, j’ai encore du pain sur la planche. L’auteur, dans l’introduction, parle d’une nana qu’il a rencontré, à 22ans elle avait déjà plusieurs livres et articles à son actif…..sacré pointure ! Faudrait déjà que je publie le premier, ce serait déjà pas mal. Même si j’arrive à en sortir un tous les 5 ans, je serai relativement satisfait. Ou complètement déprimé si je suis obligé de m’auto-publier à chaque fois. 16 heures, le température doit commencer à baisser dehors et à devenir supportable. Je commence à avoir froid, ici.

Kyôto, 9 juillet, chambre ISE, 19h45, jour 19

Et bien, cinq jours que je n’ai rien écrit, impressionnant. J’ouvre mon pc et j’entend déjà le rire de mon frère en train de me traiter de chochotte….mais elle était vraiment grosse tu sais, j’ai été très surpris sur le coup, puis j’ai eu un peu peur, après tout, c’était la première fois que je voyais une blatte dans les mêmes murs que ceux où je vis. Au moins grande comme mon index et large comme deux fois mon pouce, si je vous jure ! Merde ! Elle est encore là, et je viens encore de la perdre de vue ! J’ai bien essayer de la buter à coup de geta, mais je l’ai raté….Bon, je ne la trouve plus, mais je sais bien qu’elle est encore là, et vivante, vu que je ne l’ai pas tué….Je scrute les interstices, le plafond, mais je ne vois rien de louche et pourtant je peux la sentir qui m’observe, qui rôde autour de moi, prête à bondir pour me dévorer, je dois rester sur mes gardes, ne pas baisser la garde. Et même pas de connection internet pour trouver la meilleure méthode pour assassiner une blatte…trop la haine. Lors de ma première chasse à la blatte, il y a un quart d’heure, une voisine avec sa fille rentrait. Une chinoise qui parle super bien japonais. J’ai eu besoin de mon denshi pour chercher comment on dit blatte en japonais et quand je lui ai montré elle a vite compris. Elle en a déjà buté une quinzaine ces derniers temps m’a-t-elle dit. Une encore hier….ça doit être de la même famille que celle qui rôde autour en ce moment…bon, selon elle, elles ne mangent pas les hommes…cool…elle a été bien gentille de me rassurer, mais qu’en sait-elle d’abord, hein ?? Comme je vous le dis, il y a cette blatte qui rôde, et tant que je ne l’aurai pas empalée sur une baguette et plantée devant ma porte en guise d’avertissement à ses congénères, il est clair que je ne pourrai pas trouver le repos…Ce qui me flippe le plus, c’est qu’avant, elle s’est assez vite remontrée, et là toujours aucun signe. Je vous le disais, j’ai essayé de l’écraser à coup de geta, mais elle est tombée sur mon sac de couchage. Je l’ai sorti, secoué, retourné, inspecter en détail, pas de blatte dedans et je ne l’ai pas vu s’échapper non plus. Je ne sais pas du tout où elle est, mais je l’entend au fond de moi murmurer ses menaces, je sens son regard oppressant dans mon dos. Mais j’ai beau me retourner, les murs restent d’un blanc pâle, aucune tâche brunâtre à l’horizon….enfin, aucune qui bouge en tout cas. A vrai dire, j’ai bien compris par où elle a pu rentrer, il y a des trous dans les murs de la chambre, bloqué par du sparadrap. Elle est bien trop grasse pour avoir pu passer sous la porte….mais par ces trous…fort probable….je tuerai pour avoir un détecteur de mouvement comme dans alien. Quand je pense que demain soir je pars pour Tôkyô, je me demande si elles ne vont pas établir leur quartier général dans ma chambre pendant mon absence….peut-être même qu’elles passent tout simplement par l’air conditionné, qui sait ? Je baisse un peu la lumière, peut-être va-t-elle réapparaître et enfin recevoir son coup de geta fatale. brrrrrr puis avec ces deux grosses antennes, c’est vraiment pas beau ! Selon la voisine du dessus, comme c’est une vielle maison y a pas grand chose à faire à part les buter quand on en voit. Ca sert même pas à grand chose de mettre de l’insecticide, parce que si tout le monde ne le met pas au même moment, il suffirait qu’elles se planquent dans une autre chambre en attendant dissipation…bref, j’ai trouvé ma croisade :buter de la blatte. Toujours pas de nouvelle apparition.

Sinon, comme je le disais, pour changer un peu de sujet, demain soir je prends le bus pour Tôkyô. J’espère que je vais pas le louper et que ça va pas me coûter trop cher en taxes, parce que j’ai payé sur le net et j’ai toujours pas été prélevé.

Sinon, ces derniers jours, si je n’ai pas beaucoup écrit, c’est que je n’ai pas fait grand chose de passionnant. Je ne la vois toujours pas, mais je la sens me lorgner en agitant ses deux longues antennes. En fait, si, j’ai fait quelques trucs quand même, du shopping notamment. Ici, c’est les soldes en ce moment, en France aussi d’ailleurs il me semble. Lundi, je suis allé en repérage dans la rue couverte et marchande de Teramachi faire un peu les magasins de fringues et les bijouteries, ainsi que les magasins de chaussures. L’été s’installe ici et devient de plus en plus chaud et humide, de ce fait les habits que j’ai emporté avec moi de France deviennent de plus en plus obsolète pour ce genre de temps. J’ai donc décidé d’allé m’acheter une paire de pompes un peu plus adaptée au climat, ainsi qu’un short et une chemise légère. L’aurai-je effrayé au point d’avoir la paix pour la nuit ? Après avoir donc glané là-bas quelques idées, après une nuit de sommeil et de conseils, j’y suis retourné le mardi après les cours pour passer à l’acte….que seraient les intentions s’il n’y avait pas ce si doux moment qu’est le passage à l’acte ? Tout ça pour dire qu’en réalité, je suis allé claquer quelques milliers de yens pour m’octroyer une paire de geta, chaussures traditionnelles japonaises en bois, très tendance chez les plus de soixante ans, mais j’aime bien. A ça, ajoutez un short noir Dickies en une sorte de matière qui se rapproche un peu du jean sans en être et qui descend jusqu’au milieu du tibia. Ca fait soit Angus Young soit pirate, au choix. Et pour compléter le set, j’ai craqué sur une chemise noire et rouge, avec une grosse tête de diable dans le dos qui m’a tellement fait penser au diable dans The Pick of Destiny des Tenacious D que je n’ai pas pu résister. Probablement une chemise de joueur de bowling…J’aime beaucoup le style de l’ensemble, avec les geta, une barbe de quelques jours et une paire de lunettes de soleil, je trouve que ça en jette à mort. Mais cela n’engage que moi…A vrai dire, si je n’écris que peu, c’est aussi parce que je passe beaucoup de temps à apprécier la nature au bord de la rivière Kamo. Aujourd’hui encore, j’étais en train de lire au bord de la rivière cet après-midi, après les cours, qui part ailleurs deviennent plus intéressants ces derniers jours, quand Yayoi qui passait par là me tomba dessus. En remontant un peu au nord du pont de Marutamachi il y a des grosses pierres, dont certaines en forme de tortue, qui traversent la rivière, un peu comme un ancien gué, où pour passer d’une pierre à l’autre, un petit saut est nécessaire. Ainsi, sur ces pierres, au milieu de la rivière Kamo, nous nous sommes arrêtés et avons pu profiter de la fraîcheur de l’eau en y trempant les pieds, un plaisir en début d’après-midi à Kyôto à cette période de l’année. Elle ne connaissait même pas l’existence de ces pierres alors qu’elle à vécu dans la région, et travaillé non loin pendant des années….comme quoi, il est si simple de passer à côté de choses qui nous sont pourtant si proches. Ce fut vraiment excellent, planté ainsi au milieu d’un écosystème, les pieds dans l’eau nous avons pu profiter d’une place de premier choix pour observer les oiseaux, qui à quelques mètres de là, venaient pécher leur repas. C’est la première fois que je voyais un oiseau attraper des poissons juste en face de moi et les ingurgiter peut-être encore plus vite que Doudou ne l’aurait fait. On pouvait presque les voir encore bouger dans la gorge et dans l’estomac de l’oiseau. J’ai donc passé mon après-midi ainsi, les pieds dans l’eau, au milieu de la rivière à observer la nature environnante vivre à son rythme, alors que je faisais de même. En partant, plus tard, on est passé sous un pont où un homme, dans la quarantaine probablement, jouait de la flûte traditionnelle japonaise ou chinoise…je pencherai plutôt pour japonaise, mais Yayoi semblait plutôt penser à un instrument chinois…peu importe, c’était vraiment d’une grande beauté. Avec la résonance, sous le pont, un cadre qui provoquait un tel contraste avec les sentiments éveillés par la musique. Dommage qu’il se soit arrêté si tôt de jouer, je serai bien resté là plus longtemps à l’écouter jouer ; et à penser. Toujours pas de nouveau signe de la blatte, je sens sa présence doucement s’effacer. Une fois Yayoi partie, en récupérant mon vélo, j’ai croisé deux femmes, et reconnaissant le logo du routard arborant le livre entre les mains de l’une d’entre elles, je me suis dit allons voir si elles ont besoin d’un coup de main. On a alors discuté, peut-être une petite heure, ce fut très sympa, je leur dis rapidement ce que je pouvais sur les alentours, les choses à ne pas rater, les petits restos à tester. Lorsque la pluie se mêla à la conversation, je m’excusais et filait me mettre au sec à la maison….où je trouvai la gentille blatte qui attendait mon retour sur le mur près de l’air conditionné…Bref, j’ai passé une bonne journée, comme je les aime, relaxantes, calmes, pleines de poésie et de nature. Kyôto est une ville qui se prête si bien à ce genre d’activité : faire de la contemplation de la nature une poésie, oui, voilà bien une activité qui me ravit à Kyôto.

Rajout de dernière minute : j’ai buté la blatte et ai pu dormir en paix…elle se cachait entre le drap et le mur….mais la geta fatale eut raison d’elle….

3 juillet, 20h10, Chambre ISE, jour 13.

Je viens de regarder un film qui m’a donné envie d’écrire un peu. Manque de pot, entre-temps m’est venue une envie de faire du ménage et de ranger un peu, résultat toute l’inspiration que j’ai pu avoir s’est évanouie.

Le film en question s’intitule « GO ! ». Film japonais récent que j’ai téléchargé cet après-midi de l’école avec une connection en fibre optique….entre 1,5 et 2mo/s, du vrai travail de pro.

Finalement, je commence à l’apprécier cette école. Les profs ont compris que mon japonais était très littéraire et tentent de me forcer à parler sans utiliser de d’honorifiques, ni de marques de politesse….c’est pas si simple en réalité, croyez-moi ! Mais elles sont toutes très gentilles et puis au final, ce doit être les japonais avec qui j’entretiens le plus régulièrement des conversations sans jamais utiliser une autre langue. Y en a une qui s’appelle Kataoka (ou Takaoka, honte à moi, j’ai zappé), ce doit être la plus vieille et la plus expérimentée dans l’enseignement je pense. Ces méthodes sont d’ailleurs un peu plus traditionnelles que celle des autres. Elle est vraiment super sympa et a un accent du tonnerre ! J’adore discuter avec elle et en plus elle a toujours des bons tuyaux à refourguer ! Aujourd’hui elle nous a rencardé sur le Kappa zushi. Un sushi-bar à tapis roulant et Shinkansen !!! En plus ils font des happy hour jusqu’à 15h, l’assiette au lieu de coûter 100¥ n’en coûte que 90. Je vous laisse faire la comparaison avec les prix français….on s’est donc fait bien plaisir ce midi sur les sushis grâce aux directives de Mme Takaoka. 1034¥ pour 11 assiettes de sushis au saumon, thon, crevette et autres poissons dont j’ignore les noms en français, tantôt cru, tantôt grillé, tantôt très froid, tantôt chaud ou simplement frais…un bonheur papillaire.

Je suis retourné vite fait à l’école après le repas, visiter un peu le world wide web. J’ai reçu un mail d’Anna, elle assure trop ! Vendredi prochain je vais débarquer sur Tôkyô tôt le matin et Kazuki bossera selon au moins jusqu’à 22 heures. Anna à cours la journée mais s’est proposée de quand elle termine, vers 17 heures, de m’emmener à la bibliothèque de Tôdai voir si je trouve des documents qui pourraient m’être utiles à mes recherches. Résultat : aujourd’hui je n’étais pas super motivé pour retourner à la bibliothèque…demain pour sûr j’y retourne !

Au lieu de ça, je suis retourné au Kyôto kanze kaikan pour chercher ma place de pour dimanche. J’ai pu avoir le prix étudiant avec ma carte étudiant de l’UMB, c’est franchement cool ! 2000¥ pour une pièce de , je suis content du forfait. Si ça me plaît, j’y retournerai peut-être à ce prix-là, il y a une autre pièce qui se tient le 19 juillet dans la même salle.

Quand j’ai acheté le billet, je discutais un peu en même temps avec un homme qui se tenait là. Une discussion insignifiante, sans incidence, mais pourtant ce genre de petits moments, qui mis bout à bout, à la fin de la journée vous font vous dire qu’elle fut agréable. Aujourd’hui, la chaleur et l’humidité furent réellement accablantes. Cet homme à ce sujet me dit gentiment « Yappari Kyôto no natsu ha sôdane… » Oui, l’été à Kyôto est comme ça, assomant de chaleur et d’humidité semble-t-il, je commence à l’apprendre. Pourtant, je commence réellement à prendre goût au monde qui m’entoure. J’apprécie ce que je fais ici, même si des fois je me dis que je pourrai être un peu plus actif. Malgré tout, je dois quand même faire tous les jours une ou deux heure de vélo, trois heures de cours, deux ou trois heures de lecture…Je suis fatigué tous les jours, c’est donc que tout va bien, comme à la maison.

J’aime me retrouver à flâner dans les rues de Kyôto sur mon vélo. Cette ville me rappelle un peu Strasbourg dans une certaine mesure. Le rythme y est quelque peu semblable. Ce ne semble pas être une ville, à l’instar de Tôkyô, où les gens courent après le temps. J’ai l’impression qu’ici les gens se donnent le temps de vivre. De ce fait, je ne ressens pas du tout la même forme de solitude que j’ai pu ressentir à l’époque quand j’étais à Tôkyô. Bien sûr, la barrière linguistique à disparue entre-temps et c’est probablement le principal facteur de cette perception si différente. C’est ce que quelqu’un d’extérieur dirait. Pour a part, je ne ressens pas les choses de cette manière. Je tente bien de comprendre mes sentiments, mais ils sont encore trop bruts pour que je puisse les plaquer sur des mots, ou l’inverse.

Et puis encore quelques photos pour illustrer un peu plus mes propos :

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Kyôto, chambre ISE, 2 juillet, 21h20, 12ème jour

Je m’excuse de commencer par ça avant, mais il faut le signaler, c’est indispensable. En checkant mes comptes hier matin, j’ai eu l’agréable surprise de voir que mon withdraw de Project Entropia ( rebaptisé Entropia Universe) est arrivé sur mon compte, après seulement un mois ! Si je me souviens, j’avais withdraw 2200 peds et ce sont 153 mignons petits euros qui m’ont été directement virés de Suède ! Quelle joie ce fut de voir  l’expéditeur du virement, vraiment. Alors halte aux mauvaises langues ! Certes, ce jeu est un gouffre à pognon, mais si l’on décide de le quitter on peut récupérer son argent, et pour les connaisseurs, nullement besoin de « vérifier » sa carte, il suffit de rentrer ses coordonnées bancaire pour se voir effectué un virement, et non les informations de la carte de crédit. Je vais donc ces prochains jours, savourer la mort de ma tendre et chère Liu, que j’ai pris plusieurs années à bâtir dans ce monde virtuel….bah, en tout et pour tout, il n’y aura eu qu’une seule année où j’y aurai vraiment joué régulièrement…ai-je récupéré ma mise ? Je pense, ou sinon, je ne suis pas bien loin, et un change plus favorable aurait probablement comblé la différence.

Project Entropia terminé, revenons-en à nos moutons, c’est-à-dire Kyôto. Le G8 est passé et ça se sent à Kyôto. Alors que les premiers jours, j’eu réellement l’impression de pénétrer dans un autre Japon tant la présence policière était abjecte, aujourd’hui le Japon est redevenu ce qu’il à toujours été à mes yeux : un havre de paix où les gens font tellement preuve d’auto-modération que la police n’a pas réellement besoin de se faire voir. Ca faisait quand même bizarre de croiser des bus pleins de flicaille tous les deux cent mètres. Maintenant je ne les vois que dans les kôban ou dans leur voiture sur la route et c’est très bien ainsi…ils sont toujours aussi sympa d’ailleurs dans les kôban, c’est flagrant de contraste avec nos doux CRS.

Sinon, hier j’ai passé l’après-midi avec Yayoi, je vous ai déjà parlé d’elle ? Bon, tout d’abord il convient d’expliquer son nom plus qu’hors du commun. Je sais bien que pour la grande majorité d’entre vous ce nom de toute façon n’évoque rien de plus qu’un nom asiatique…mais les connaisseurs auront sans doute reconnu le nom d’une époque importante dans la fresque historique de l’évolution du Japon, suivant de près la très célèbre Jômon jidai ou l’époque de la poterie à décor cordé. L’époque Yayoi est une époque importante de par l’influence reçue par la péninsule coréenne et le continent chinois en matière d’agriculture, notamment en ce qui concerne le riz, ainsi que l’introduction simultanée de l’âge du bronze et du fer. Elle dura environ 800 ans, du 5ème siècle avant J-C jusqu’au 3ème siècle de notre ère. Bref, c’est vraiment un nom hors du commun, un peu comme si on vous avait appelé « néolithique ». Sinon, c’est une femme qui doit être dans la trentaine je suppose, vu qu’elle refuse de me dire son âge, par pudeur j’imagine, mais je sais qu’elle à une fille de 6 ans. Elle m’avait rapidement abordé dans un bar lors de mon arrivé à Kyôto, parce que selon elle je ne collais pas du tut dans le décor : des dizaines de personnes en train de se bourrer la gueule, moi au bar, avec mon pc, écrivant. On a un peu parlé puis elle m’avait demandé mon email. De ce fait, hier après-midi on s’est revu. Que ça fait du bien de parler avec une « adulte » en fait ! Ca me change tellement de l’envirronement immature et superficiel dans lequel je baigne avec les gens qui sont avec moi à l’école que j’ai réellement apprécié ce moment passé à se taire ou à parler, silence ou dialogue, tous deux étaient emprunts de sens. Ce midi encore, je mangeais avec les gens de l’école, à savoir Tiffany, Tan, Kelly, Alessandra et Simon et m’extasiais de leur stupidité et de leur immaturité. Tous tellement heureux de n’être que de beaux petits otaku en puissance…peut-être même que je les répugne plus que les américains eux-mêmes (sic!). Les écouter parler de leurs drama et autres anime….et je me passe de commentaire sur leur discussion au sujet de la pop coréenne en vogue au Japon…vite fait, bien fait, j’ai envoyé tout le monde payé l’addition histoire que je puisse m’enfuir au plus vite.

Pour en revenir à hier, me sentant un peu plus serein et dans un cadre qui me convient après avoir sereinement parlé avec Yayoi, je me suis dit : « pourquoi ne pas aller à la bibliothèque ? » Dix minutes plus tard, j’étais dans la bibliothèque du fu de Kyôto ou de la zone urbaine de Kyôto. J’y recherchai tout ce que je pu sur Taïwan et le Japon en terme d’études historiques, mais la récolte fut plutôt pauvre. Je n’eu que le temps de fouiller les rayons et la bibliothèque ferma, 19 heures, rien à voir avec la BNU à Strasbourg, on en a de la chance quand même à Strasbourg ! Après être sorti de la bibliothèque, j’ai été fasciné de voir que près du parvis flottaient côte à côte un drapeau japonais et un drapeau français. Remis de mes émotions, je suis parti en direction du Kyôto kanze kaikan ou le théâtre de de Kyôto. Plusieurs représentations pour le mois de juillet, dont deux cette semaine. Manque de vaine, la billetterie est déjà fermée.

Voilà, grosso modo je crois, pour la journée d’hier.

Aujourd’hui, après les cours, j’ai répondu à Kazuki et envoyé un mail Anna, commençant ainsi à mettre sur pied mon rapide séjour dans le Kantô la semaine prochaine. Qu’est-ce que j’ai hâte d’être avec des gens intelligents ! Franchement, ça me manque. Comme précédemment exprimé, je suis ensuite allé manger, du poisson, dans un petit resto japonais très sympa, bon et peu cher dans un petite rue attenant à Shijô-dôri. J’ai par contre eu beaucoup de mal à supporter la compagnie au point de presser un peu les gens à s’arracher du restaurant, histoire de pouvoir partir sans que cela paraisse trop impoli. En partant, comme Tiffany veut aussi voir du , on s’est donné rendez-vous pour aller voir à la billetterie du théâtre. Moi après le repas j’ai filé à la bibliothèque et j’ai commencé à lire une étude sur Taïwan. Une horreur ! Un mix de japonais moderne et de langue de Meiji, par définition : indéfinissable. Après quelques pages j’ai arrêté et cherché des écrits plus récents, puis je me suis égaré dans un bouquin sur la Corée et la Mandchourie et l’heure du rendez-vous avec Tiffany était arrivée. La pièce de de ce dimance coûte 6000¥ en plein tarif et 2000 en tarif étudiant, mais comme j’ai oublié ma carte d’étudiant à l’école je n’ai pas pris le billet pour l’instant. Voilà en gros pour aujourd’hui. Les principales réflexions des deux derniers jours sont, grand un : mesdames, arrêtez tout de suite le fond de teint et autres produits à la mord-moi le noeud ont vous vous badigeonnez le visage, à voir les trous dans ceux des femmes que je croise tous les jours à l’école, non seulement ça ne vous rend pas plus jolie, mais en plus ça vous laissera des séquelles bien difficiles à masquer….Et puis aussi je me disais un truc, les japonaises ne sont définitivement pas jolies. Je veux dire, particulièrement si l’on se base sur le principal critère de beauté des canons occidentaux : la taille. La plupart des japonaises se baladent entre la taille fine et anorexique. Résultat, il devient impossible de prendre ce critère comme prépondérant dans le jugement esthétique d’une personne ici. De plus, une énorme majorité prends soin de son habillement et fait bien plus que se poudrer le nez. On est donc obligé de se pencher réellement sur détail moins flagrant mais plus décisifs en terme d’esthétisme. Et parmi les gens que je croise dans la rue, les magasins, etc… je crois que les seules femmes qui sont belles ici, semblent être les jeunes maman. Ce sont les seules (enfin, une partie d’entre elles) que je croise qui rayonnent de beauté et de charme. D’une sorte de plénitude apaisante, c’est assez flagrant quand on les voit aux côtés des autres femmes.

Cet après-midi, je me disais aussi « que le temps passe vite », voilà déjà un tiers de mon voyage à Kyôto qui est derrière moi. Au final, plus qu’une vingtaine de jours ici, une vingtaine en France et je serai à nouveau dans les airs vers Taïwan. Je sais que ça va être plutôt dur là-bas, alors j’ai aujourd’hui décidé que mon séjour à Kyôto serait avant tout des vacances. Après tout, je n’en aurai que très peu eu cette année, des vacances. Je ne vais pas tarder, je crois, soit à tenter une expédition en solitaire au mont Hiei ou à Nara à vélo. Sur une ou deux journées, je ne sais pas trop encore, mais je crois que je vais me faire un truc dans le genre. Peut-être que demain j’irai dans une libraire étudier un peu la topographie de la région. J’ai comme un besoin de plus en plus difficilement apaisable de communion avec la nature, ce besoin de sentir mon infime petitesse, de palper ma finitude. Des fois, je suis tellement en osmose avec l’instant présent, dans un tel sentiment de béatitude face à la vie, que j’en viens jusqu’à m’effrayer de mon propre état. Au milieu d’ailleurs, à regarder la course du soleil dans le ciel, je me surprends quelques fois à tutoyer les nuages.

Jour 10, 30 juin, chambre ISE, 17h30.

Lundi. Nouvelle semaine qui commence, et avec ceci quelques changements intéressants. Tout d’abord, je suis presque guéri, au point que j’en ai presque oublié de prendre mes médicaments ce midi. J’ai défoncé mon troisième parapluie en trois jours, j’en ai donc conclu que le suivant serait un parapluie tout petit, ce que j’ai acheté et si celui-ci aussi devait se retrouver défoncé, il est établi que j’achèterai une pèlerine et basta ! Cette semaine deux nouveaux sont arrivés dans l’école. Un vieil américain, dont j’ai senti qu’il était américain rien qu’à sa manière de dire bonjour en japonais….il puait l’américain dans tous les tons de sa voix, beurk ! Ca tombe bien, il est chez les débutants, je vais même pas avoir à lui adresser la parole ne serait-ce qu’une seule fois. Mais plus intéressant, une autre taïwanaise est arrivée. Et bien qu’elle ait l’air carrément hautaine et méprisante, son niveau de japonais est correct, ce qui relève carrément le niveau de la classe. Ah oui, elle est dans le même niveau que Kelly et moi. Bref, ça va me faire un peu de challenge, je dois dire que ce n’est pas plus mal, je vais peut-être enfin me décider à ouvrir des bouquins de cours, parce que pour l’instant je travaille surtout mon oral dans la rue et mon écrit est quelque peu mis de côté. Je lis pas mal aussi….je veux essayer de finir les deux mangas que j’ai acheté le plus vite possible pour me remettre son mon Yoshimoto Banana.

Dix jours se sont déjà écoulés depuis que je suis ici et mes repères sont désormais en place. Je sors sans carte ni guide sur mon vélo et ne me perds plus. Kyôto commence à se dévoiler sous mes yeux, petit à petit. Ce matin en allant à l’école, pour la seconde fois en guise de petit-déjeuner je me suis fait un onigiri thon-mayonnaise et café noir….vive les combini ! Comme d’habitude, je prends mon petit-déjeuner dans le petit parc qui est à côté de l’école. Et comme d’habitude, il y a ce type aux cheveux longs qui vient jeter le freezbee à son chien 5 ou 6 fois puis repart. Il à un pur style, mais je sais pas trop si je dois l’aborder ou non…pour lui dire quoi au final ? Demain, peut-être. Ou un autre jour. Ensuite, vers 8h30 je vais à l’école en général tous les profs ne sont pas encore là, et tout les matins j’ai droit à la même phrase avec le bonjour matinal « hayai desunee » ! Et ouais, qu’est-ce que vous voulez, j’ai pas le net chez moi ! Donc, je me jette sur le cable RJ45 que je plug dans mon eee pc et je me rue pour me prélasser sur la toile une petite vingtaine de minute, le temps de vérifier mes boîtes email, de répondre aux éventuels courrier, mettre à jour le blog…8h50 environ, j’éteins mon pc et monte dans la salle de cours, après avoir vérifié sur le tableau dans le hall, parce que la salle change tous les jours. Va savoir pourquoi…A 9h les cours commencent, par la leçon de kanji…du gateau en papier mâché en général….je ne crois pas avoir vu pour le moment un seul kanji que je ne connaissais pas, et nous travaillons pourtant sur le livre de préparation au Nihongonôryokushiken de niveau 2. Quand nous travaillons les kanji, les personnes du niveau juste en dessous sont avec nous en cours. Mais ensuite, la 3kyû-gumi change de salle et nous sommes donc désormais Kelly, Tiffany et moi. Une fois les groupes de niveau à nouveau constitués, il y a la leçon de prononciation hatsuon, assez speed ce matin d’ailleurs. Puis viens le cours de « grammaire »….enfin, je ne vois pas quel autre nom lui donner, mais quoi qu’il en soit, cela n’a rien à voir avec un vrai cours de grammaire. Je veux dire par là que l’on apprend aucun terme technique, aucune règle à proprement parlé , on se base juste sur des usages en situation, moi je trouve ça complètement stupide, mais bon, ça n’engage que moi. Je crois en fait qu’il ne faut pas dissocier l’un de l’autre. Les règles sont très importantes à connaître car elles permettent la polyvalence, les mises en situation sont essentielles car elles permettent de cerner un peu les fautes à ne pas commettre et quand et où utiliser quoi. Donc en général, par jour, on voit une ou deux tournures de phrases que l’on met en pratique pendant trois heures….avec un quart d’heure de pause….je sais pas vous, mais moi je trouve ça obsolète. Je crois qu’après avoir été formé à la Marc Bloch où pendant trois ans on vous à asséner à chaque instant de règles, d’exceptions, d’exercices, de bibliographies, etc… j’ai vraiment l’impression qu’ici les profs se prélassent, et de ce fait, nous aussi. Bon, faut que j’arrête de médire , avec l’arrivée de cette Tiffany, le niveau et le rythme ont quand même plutôt augmenté, je verrai demain, mais je pense que là on est à peu près à un niveau qui ne me fera pas régresser, bien que quand je leur ai sorti une phrase ce matin, même la prof à dû l’écrire pour la comprendre….ah là là, ces japonais qui ne s’attendent pas à ce que les étrangers leur fassent des phrases à plusieurs prépositions et qui, dès lors, pensent qu’ils ne l’ont pas fait exprès et cherchent l’erreur, même quand il n’y a pas….

Après les cours, comme d’habitude,on est allée mangé ensemble, sauf que cette fois Tan à cédé sa place à Tiffany, et nous sommes allés dans un petit restau japonais sympa, juste à côté du marché alimentaire couvert de Nishikinokôji. Ensuite, comme je commence à en avoir marre de squatter avec des gens (tout simplement, et oui !), je leur ai dit « bye », j’ai pris mon vélo et je suis parti en direction du pavillon d’argent. J’y suis allé au feeling et figurez-vous que ça a marché, je m’y suis retrouvé assez rapidement. Malheureusement, le pavillon d’argent à proprement parler est présentement en travaux, mais il y a quelques autres choses dans l’enceinte qui valent malgré tout les 500¥ de l’entrée. Le jardin qui entoure ce temple est tout simplement magnifique, l’odorat, l’ouïe et la vue sont sans cesse en exaltation, c’est un vrai bonheur des sens. Sacrés Ashikaga ! Ils en avaient dans le sac ! En partant du pavillon d’argent, j’ai redescendu le chemin des philosophes. Et c’est à ce moment-là je crois, que j’ai décrété Kyôto comme la plus belle ville que j’ai pu voir jusqu’à present. Comment ne pas se sentir inspiré devant un tel paysage et avec le coulis de l’eau comme musique de fond ? Je ne sais pas, vraiment. Sur quelques kilomètres, un magnifique petit chemin longeant un petit canal d’une fine élégance. Parsemé ici et là tantôt de fleurs, tantôt d’arbres. Le vent s’y engouffre avec aisance mais sans agressivité et vient tendrement vous faire oublier l’humidité et la chaleur ambiante. Les poissons nagent en meute dans l’eau, petits, noirs pour la plupart. Et l’on aperçoit, sur les berges, les chats affamés, scrutant un potentiel festin en liberté. Pourtant, on les sens hésitant à l’idée de se jeter dans l’eau pour les attraper. Après tout, ils savent bien que s’ils devaient s’essayer à une partie de chasse aquatique, ô grand jamais ils ne mangeraient. Alors ils tournent et retournent en miaulant d’agacement. Non mes chers amis, les poissons ne vont tout de même pas sortir de l’eau pour s’offrir à vous. Après quoi, me laissant tranquillement rouler dans la ville basse, je me suis arrêté près d’Okazaki pour profiter un peu du calme du sanctuaire de Heian, imposant monument où se tiennent de majestueuses festivités au mois d’octobre.

Voilà pour aujourd’hui, allez, à ciao bonsoir !

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Voilà pour les photos. Bon, ce n’est pas beaucoup et elles datent déjà de quelques jours, mais c’est les seules que j’avais allégé. La première photo en haut à gauche est une photo de moi dans les rizières tout près du lac Biwa, entre Omihachiman et le lac. La seconde, est la Kyoto Tower vue de la gare centrale de Kyôto. La deuxième rangée est une photo du lac Biwa, la première vue  que j’en ai eu. A côté est une photo de Kelly, Simon et moi, sous un torii à Omihachiman. Sur la dernière ligne, à gauche, il y a une vue de la rivière, toujours à Omihachiman, ville sur le pourtour du lac Biwa. Au milieu est une photo du groupe U-full qu’on a vu avec Kelly vendredi dernier. Et à droite est un vieux qui avait trop le “style” près du temple Chômeiji.

Voilà pour les photos, faudra que j’en allège d’autres et je vous les mettrai en ligne.

Kyôto, 29 juin, 11h45, jour 9. Chambre ISE.

En ce triste instant où je viens de finir mon paquet d’Apolo, je commence à écrire face à mon écran scintillant. Le piano et la guitare de Johnny Winter m’accompagnent dans ce doux processus de résurrection des moments passés afin qu’ils ne s’abîment pas dans les entrailles de ma mémoire. Il est intéressant de noter qu’au fil du rétablissement de ma santé je prends plus de plaisir à assembler les mots sans vraiment y chercher une cohérence.

Revenons-en à ce pourquoi je suis assis dans ma chambre devant cet écran. Vendredi soir en rentrant je vous parlais de notre potentielle excursion au lac Biwa, repaire de tant de tentations passées pour notre cher prince Genji. Je ne me sentais pas en super forme au réveil hier matin. Gorge très prise, comme le genre d’angine que je déteste, fallait que ça arrive ici, vraiment, et maintenant en prime ! « Peu importe » me suis-je dis. J’ai encore moins envie de rester à errer dans 7 mètres carré. J’ai donc préparé mon sac : caméra, couteau, parapluie, une autre carte sd, la première étant presque pleine, du pognon, mon passeport et en route. Huit heures du matin, je suis sur mon vélo dans Kyôto qui s’éveille. Je redescends le long de Marutamachi, prends à gauche un peu plus loin sur la Kawabata-dôri et remonte un peu plus bas sur Shijô et enfin tourne sur Teramachi pour aller y prendre mon petit-déjeuner avant de rejoindre les autres à la gare. Teramachi est une jolie longue rue, dont une partie est piétonne et couverte, une jolie galerie marchande. Le reste de la rue est très jolie, on a du mal à s’imaginer ce genre de rue en tant que Français, je la prendrai en photo pour vous. Cependant, en tournant dans Teramachi, je fais quelques mètres quand je sentis sudainement l’arrière du vélo se soulever et que je vis mon sac s’envoler en avant. Au même moment, je me rendis compte que dans moins d’une seconde j’allai moi aussi m’envoler et qu’il allait falloir que je réagisse si je ne voulais pas me retrouver la tête dans le bitume. Je me suis alors projeté en avant du vélo le plus loin possible pour pas qu’il ne me retombe dessus et j’ai essayé de rouler sur mon épaule, comme on vous l’apprend au judo. Eh ben vous savez quoi ? Ce réflexe de roulade avant m’a probablement évité bien des ennuis !!! Je restai au sol quelques secondes et lorsque je releva la tête je vis une vieille dame, pétrifiée à une vingtaine de mètres fixant la scène du drame. Toujours au sol, la tête relevée, je lui montra mes deux pouces tendus vers le haut avec un joyeux et puissant daijôbu. Sceptique, elle attendit quelques secondes, ébahie et continua son chemin. Moi, je commençais à comprendre ce qui s’était passé : mon parapluie s’était pris dans la roue avant ce qui m’a fait faire un joli flip de bon matin. Une petite douleur dans la jambe se fit ressentir, rien de bien grave à priori. Je relevais mon jogging : ça aurait pu être pire ! Dans une semaine ça aura disparu. Au tour de l’inspection du vélo…Et là, je dis, heureusement que j’avais pris mon couteau le matin même (et pas mon pc comme d’habitude !), parce que sans lui je ne serai pas reparti ! J’ai du couper un rayon de la roue pour pouvoir sortir le parapluie de la roue et j’ai aussi démonter et redresser une grosse partie du garde-boue avant qui était planté dans le pneu. Il s’en fallu d’ailleurs peu pour qu’il ne le crève. Quelques coups de tournevis et de pince plus tard, toujours un peu dans un état de méwatitude intense, je remontai sur le vélo, ne voulant pas être en retard, je remis mon petit-déjeuner à plus tard. Au final, j’arriva à la gare à 8h45, soit cinq minutes d’avance. Seule Kelly était déjà là. Et bien, moi qui croyait être le dernier ! J’ai profité de ces quelques minutes pour aller acheter une bouteille d’eau et un onigiri au poulet histoire de manger un truc et de prendre mes médicaments, parce que ça allait pas super fort. Puis, Tan, Alessandra et enfin Simon ont arrivés. Nous avons pris, nous avons pris nos billets et avons sauté dans le train pour Omihachiman un des nombreux sites magnifiques qui jonchent les rives du lac Biwa. En sortant de la gare, nous avons trouvé juste à côté un entreprise qui louait des vélos pour seulement 500¥ la journée. Sans hésiter, nous avons tous les cinq loué des vélos. Encore une fois, je me suis retrouvé à diriger plus ou moins en intégralité les opérations de la journée. Au milieu des inconvénients que ça comporte, ça a deux avantages non négligeables. Le premier est que il m’est possible de faire ce que j’ai envie tout en étant partie d’un groupe. Et le second est que comme tout le monde, sauf Kelly, compte sur moi dès qu’il faut interagir avec des japonais, je suis sans cesse sollicité pour parler et comprendre, ce qui me permet de pratiquer beaucoup et dans pas mal de situations qui ne me seraient pas arrivé si j’avais été seul. Mais bon, en contrepartie, c’est épuisant et en plus les médicaments sont pas mal assommant et quand je suis K.O. je ne suis pas très commode.

Ensuite, chacun, avec nos vélos nous sommes allés dans la ville « historique » où se trouvent les vieux temples et la rivière d’une beauté, même avec un temps de chiotte, assez surprenante. Le genre de panorama qui pue le vieux Japon comme j’étais venu le chercher à Kyôto à plein nez ! Beaucoup de très vielles demeures, des temples nombreux, des tuiles impressionnantes ! Bref, je me sentais comme dans les cours de bungo, complètement transporté dans un monde regorgeant de malices et de mystères. Lorsqu’au détour d’un temple quelques jeunes touristes japonais nous demandèrent de les prendre en photo et que je leur demanda la même chose en retour, je me retrouva soudainement à parler français avec une japonaise de leur groupe qui avait séjourné quelques mois en France pour ses études. Quelle ne fut pas ma surprise de parler français avec une japonaise, ici, au milieu des temples et des sanctuaires. Elle m’apprit alors, que souvent près des temples se trouvent des petits Torii en pierre sur lesquels on aperçoit souvent des pierres déposées. En fait, toutes ces pierres sur le haut des Torii sont les voeux des gens. Il est dit que si l’on arrive à jeter une pierre sur le Torii et qu’elle reste perchée sur le haut, alors le voeux que l’on avait précédemment inséré dans cette pierre se réalise. J’ai bien essayé une fois, mais ça n’a pas marché. Tant pis !

En quittant la zone des temples, je n’ai pas pu me retenir en apercevant une échoppe vendant des dango d’aller m’en acheter. Je déambulais, seul, en les mangeant. Divaguant alors, je m’imaginais dans la montagne courant après mon dango roulant sur le flanc, quand soudain il disparaissait derrière les fourrrés. Je découvrai alors un petit trou dans lequel le dango devait avoir roulé, il ne pouvait en être autrement. Grattant la terre avec mes doigts je tombais dans une galerie et me retrouvait nez à nez avec une statue de Gozô en bronze, imposante, reflétant la sagesse et la sérénité dans cette petite cavité terreuse. Soudainement, mon nom retentit et résonna sur les parois. « Pierre-Emile, Pierre-Emile ! Viens prendre une photo de groupe avec nous !» Quoi ?! Gozô ? Une photo avec vous ?! Non. Les douces images de mon imagination avaient laissé place au visage de Simon qui m’appelait… ok, ok, j’arrive pour la photo…

Après ce petit interlude, nous avons mis les voiles vers le lac Biwa. Comme j’ouvrais la voie, j’ai choisi d’y aller sans carte, à l’intuition en quelque sorte. Ce fut vraiment sympa au final. Nous avons traversé des rizières sur des petites routes complètement désertes. C’était vraiment exaltant de se sentir ainsi seuls au milieu de ces grands espaces dégagés. L’horizon s’ouvrait sur des montagnes tout autour avec le lac devant nous. Des rizières partout, jusqu’aux flancs des monts. C’était vraiment très joli, de plus, un vent tournoyant chassait la chaleur et l’humidité avec brio.

Pédaler ainsi, au gré de ses pensées est vraiment une chose que j’ai du mal à expliquer. La sensation est si énorme. Celle de ne voler qu’avec ses propres chaînes. Rien que soi avec la nature sous le coup des éléments, car dans l’absolu nous sommes en vie parce les éléments ont décidé de nous laisser en paix. Au milieu de ces touffes vertes qui la vertu si louable de nourrir mes semblables, le sentiment de plénitude et d’achèvement en devient naturel. Y a-t-il quelque chose de plus beau sur cette Terre que cela ? Palper la vie de si près, je ne sais pas si il est possible de mieux la ressentir pour un homme. Mesdames, profitez de ce don de la nature qui vous est donné de porter la vie en votre sein, cela doit être, j’imagine, une communion d’une force sans pareil entre la vie et la vie.

En parlant de vie, j’ai ensuite mené ma petite troupe au temple de la longévité ou Chômeiji, 31ème des 33 temples du pélerinage du Kansai. Nous avons dû gravir d’abord la montagne au sommet de laquelle il est planté, soit environ 400 mètres d’altitude. Que de sensations retrouvées en escaladant à vélo les pentes ardues de cette montagne. Avec Simon, devant, nous nous amusions à monter en danseuse avec nos vélos de tourisme complètement inadaptés à la situation, pendant que Kelly et Alessandra poussait leurs vélos plus bas et que Tan eu décidé de gravir la montagne par les escaliers, laissant donc son vélo au pied. Nous avons du traverser une forêt de bambou avant d’atteindre d’abord ce qui semblait être un refuge pour les moines en formations, puis le temple Chômei lui-même, quelques centaines de mètres plus haut. C’est vraiment un très joli temple, je vous le recommande chaudement. Doté de plusieurs pavillons en bois sur plusieurs niveaux, il est vraiment très beau. Les images peuvent être à ce sujet plus loquaces que moi je pense. Après s’être recueilli quelques temps dans ce temple, nous avons redescendu la montagne….en trois minutes et demi, chrono en main ! Cependant, la pluie était désormais de la partie, et la descente fut par endroit dangereuse. La pluie gagnant en intensité, nous avons mangé dans une petite bâtisse au pied de la montagne.

Rien de notable ne fut réellement effectué après la visite de ce temple, si ce n’est le retour à vélo par une autre route que celle précédemment empruntée, car se balader à vélo dans des contrées inconnues est toujours un plaisir, même sous la pluie en étant malade, puis faut dire qu’on m’avait prêté un parapluie…

En tout cas, après coup, je dois admettre que j’en ai assez de voir ces gens-là. La solitude ça a vraiment du bon. Surtout Simon et Alessandra, je ne supporte pas leur impolitesse à l’égard de tout. On dirait des adolescent en pleine ccrise de puberté, toujours à merdé et à faire des caprices, pas possible de les faire taire. Et quand on les entend pas c’est qu’ils sont en train de préparer une connerie plus grande encore, surtout Simon. Je ne suis pas sûr qu’ils comprennent réellement ce qu’on appelle le calme, la sagesse, la sérénité, enfin, tous ces sentiments qui s’épanouissent quand même grandement dans le silence. JE n’ai rien contre la jeunesse effusive, mais il est vrai que j’ai beaucoup de mal avec la stupidite dont elle est si souvent accompagnée….Kelly n’a peut-être pas si tort en m’appelant ojîsan, que l’on pourrait traduire par « papi ». J’aime le silence et le volupté et je l’assume. Il est clair que cette semaine se fera vachement moins avec l’Italienne et le Coréen. Si la pluie ne se montre pas trop souvent, je vais essayer le me faire les pavillons d’or et d’argent et aussi la colline aux mille Torii au sud de Kyôto. J’ai hâte de goûter au silence des temples sacrés qui ornent les environ de l’ancienne capitale japonaise. Si il y a bien une chose que j’aime, c’est me balader au gré des rues et lorsque je croise des temples ou autres monuments, essayer de les mettre en relations avec tous les livres que j’ai pu lire et toutes les classes que j’ai pu suivre. Bien souvent, je devient agréablement surpris de la profondeur de l’enseignement dont j’ai pu bénéficier à l’université de Strasbourg. Malgré l’austérité apparente des cours, il est indéniable que leur richesse est grande et leur véracité avérée. J’aurai presque envie de les remercier, ces professeurs qui ont travaillé à ma culture. J’ai bien souvent eu fi en eux et je m’en vois ainsi gratifié, c’est un grand honneur.

Kyôto, 27 juin, jour 7, Chambre ISE, 21h45.

Aujourd’hui fut une journée plutôt « over » remplie, comme on dit dans le bouchonnois. Dans un premier temps, je me suis réveillé plutôt faible, j’ai donc conclu que je n’attendrai pas le weekend pour aller voir le docteur, mais qu’aujourd’hui serait le jour. Après une douche et un rasage de près, oui, je me suis acheté un rasoir avant-hier, et vu le piètre résultat je me suis aussi doté d’un miroir hier. Donc, rasé de près, coiffé et propre, vers 8 heures j’ai du mettre les voiles environ sur mon super vélo bleu ! Sur la route de l’école j’en ai profité pour jeter un oeil, en repérage, sur où se trouvaient les kurinikku et autres cabinets de médecin. J’ai surtout demandé à la voisine et au pharmacien où est-ce qu’il y avait des cabinets. Tous deux très gentils m’ont très bien renseigné. C’est un peu rigolo ici et sachez-le au cas où, a peu près tous les cabinets médicaux sont ouvert sur trois créneaux à intervalle. D’abord 8h30-10h30, ensuite 13h30-15h30 puis enfin 18h-20h. Devant être à l’école à 9 heures, je me suis que j’irai probablement voir le docteur dans la dernière tranche. Je dois avouer que ce matin je me sentais quand même pas mal faible, au point qu’avant d’arriver à l’école je me suis arrêter dans un Family Mart pour m’acheter une canette de café chaud….pour en être au point d’acheter une canette de café, je vous laisse imaginer comment je devais me sentir….du café dans une canette….c’est comme du vin dans une bouteille en plastique….naméo !

Arrivé à l’école, comme d’habitude, je vérifie mes mails, mets à jour le blog puis les cours commencent.Le vendredi c’est cours de « discussion ». Il y avait Flicka, la Norvégienne, Alessandra, l’Ialienne, Kelly, la Hong-Kong-ienne et moi, le Français. Configuration exceptionnelle, vous conviendrez. J’ai beaucoup apprécié Flicka pendant ce cours, car comme moi, elle se faisait mortellement chier tellement le niveau était bas, et essayait discrètement de le faire comprendre à la professeur par quelques regards ou par son ton, en vain. Franchement, c’était super chiant, je sais pas combien de fois j’ai regardé ma montre cette matinée-là, mais c’était vraiment trop bidon, voire un peu bébête…D’ailleurs, nous avons tous trouvé que ce cours était vraiment trop facile, me plaçant objctivement largement en tête du groupe, malgré tout, même Flicka et Alessandra qui doivent avoir le plus de mal à l’oral ont elles aussi trouvé que c’était vraiment trop facile. On en a donc parlé à la professeur, qui fut quelque peu surprise j’imagine, et qui pendant un instant à peut-être du se sentir un peu bête…mais mieux valu que cela ne dure qu’une seule matinée plutôt que l’on se fasse littéralement chier comme des rats morts tous les vendredis matin, non ? Après le cours, j’ai regardé un peu les modalités de l’assurance médicale de la mastercard….75€ de franchise par événement, laisse tomber, je vais donc payer de ma poche le médecin je le sens bien….75€ de nos jours ça fait quand même dans les 13000¥, un peu cher pour une consultation et les médocs, même au Japon.

Ceci fait, on est parti manger, mais sans Flicka, qui est allée rejoindre son mari en ville. Donc, la petite bande, Simon, Tan, Kelly, Alessandra et moi. Sauf que Tan est allé faire ses courses avant, donc on était que quatre au final. On est tobé sur un petit restaurant sympa à l’ambiance un peu personnelle bien qu’il fallu acheter ses plats sur un automate à ticket. Service nickel, riz à volonté, très bon, pour moins de 800¥. Sur Karasuma-dôti, environ 500 mètres avant d’atteindre la gare de Kyôto, au Sud. Après ce délicieux repas, copieux parce que riz à volonté, nous sommes allés prendre un café (et moi une part de tarte au fromage) dans un café près de la gare en attendant 14h30, heure à laquelle nous avions donné rendez-vous à Tan devant la gare pour aller ensemble chercher des infos sur le lac Biwa à l’office du tourisme de Kyôto. Mesdames, qui faites attention à votre alimentation, fuyez les tartes aux fromages made in Japan, même moi, alsacien de souche, élevé à la choucroute et au bäckehoffe, j’ai trouvé ça TRES lourd. Heureusement que le café et l’eau fraîche ont fait descendre tout ça. On un peu discuté cinéma dans le café,n c’était sympa. Simon est assez fan de cinéma coréen et Alessandra est assez fan de drama et de cinéma coréen et nippon. Old boy, Lady Vengeance, Shimotsuma Monogatari, The Bow, Chichi to kuraseba, sont autant de titres qui sont revenus.

Ensuite, vers 14h45 (oui, en retard), nous sommes arrivés à la gare où nous avons rejoint Tan, la taïwanaise, doyenne du groupe avec ses 33 ans. Sachez mes chers lecteurs, qu’à l’office du tourisme de Kyôto, vous n’obtiendrez d’informations uniquement sur Kyôto, ils ont été bien formés les bougres… Réésultat : j’ai emmené toute la troupe dans une librairie au sous-sol de la gare, que Simon m’avait indiqué, et je leur ai expliqué plus où moins ce que j’avais prévu comme trajet à faire à vélo pour le lendemain. Après une légère réflexion en groupe, car nous n’y avions réfléchi qu’avec Kelly, nous nous sommes rendus compte de la bancalité du projet compte tenu des vélos ainsi que du pannel étendu des participants. On a donc décidé de changer les plans et de partir en train et, au besoin, de louer des vélos sur place.

Je souris devant mon écran parce que je me vois écrire « on », « nous », mais je devrais plutôt dire « je ». Il semblerait qu’au sein du groupe une hiérarchie se soit établie, bien à mon insu, sur la répartition des pouvoirs. Etant de loin le plus capable en japonais, je dispose de l’éxécutif et du juridique, le législatif restant partagé majoritairement entre Kelly et moi, puis les autres, dont le niveau de langue est plus bas. Ca fait plaisir d’être élu leader naturellement, mais que c’est fatigant. Dès qu’il y a une question, un problème, toutes les têtes se tournent vers moi, affichant un regard béat, attendant la sentence….Ca flatte mon égo, certes, et il aime ça, mais sincèrement et de plus, me sentant moyennement bien, ça me fatigue de devoir penser pour cinq, surtout qu’étant quelqu’un qui aime bien faire les choses, je me sens imputé de la responsabilité de la réussite ou non des entreprises effectuées. Jusqu’à présent tout s’est bien passé, tant mieux. Mais ça me soule. Ca me rappelle Taïwan, où j’aimais tant pédaler seul, parce que la liberté ne s’obtient que dans l’unicité de l’entité.

Après avoir mis au point les derniers détails au sujet de notre éxcursion au lac Biwa, nous sommes allés vers le parc Shosei-en, malheureusement fermé après 16h, j’ai par conséquent proposé que l’on aille se poser au bord de la rivière Kamo, ce que nous fûmes. Ce fut plutôt sympa. On a écouté un peu de musique au bord de la rivière en buvant nos jus de fruit, on a écouté le bruit des oiseaux, du ruissellement de l’eau, on a parlé, assis dans la chaleur grandissante de ce début d’été à Kyôto, qui pour l’instant est plus que supportable. On est resté là pas mal de temps quand même.

Vers 17h30, nous nous sommes remués et avons remontés vers le Nord la rivière. Simon est en famille d’acceuil et doit être chez lui pour 18h30 pour le dîner et moi je voulais être vers l’ouverture à 18h chez le médecin. Tan, habitant au Sud nous a quitté la première. Puis, vint le tour d’Alessandra, qui attrapa son bus, muni de son passe mensuel. Simon nous a accompagné un peu plus loin enccore, jusqu’à Shijô-dôri, puis il y a pris le métro. Nous avons continué à remonter la rivière avec Kelly, puis comme nous avons vu un type jouer de la musique sur l’autre rive, nous avons traversé la rivière pour aller l’écouter….il chantait et jouait du piano…plutôt mauvais, mais jai filmé, vous jugerez vous-même. Vers presque 18 heures, j’ai quitté Kelly, qui décida de m’attendre, pour aller voir le cabinet médical histoire que mon sort soit réglé.

Il y a trois ans, alors à Kamakura, je me retrouvais aussi malade, quoique plus sévèrement touché à l’époque, et dû aller à l’hôpital. Que de choses ont changées en trois ans. Cette fois-ci, seul, dans un endroit où seul le japonais est de mise. Je ne vous cacherai pas que j’ai eu quelque mal à remplir le formulaire sans mon denshi-jisho, mais tout alla bien. Quelques minutes plus tard j’expliquais mes symptômes à une infirmière qui pris ma température, un peu haute, et ma tension, parfaite. Un peu à la manière du drama « Kekkon dekinai otoko », dans ma tête,je souriais à l’idée d’avoir en face de moi peut-être le même genre de docteur. Mais après avoir vu l’infirmière, le docteur était plutôt du genre super renfermé et cheveux gris.. « inkyô wo matteiru oishasan » comme je dirai…Bref, pour en venir aux faits, il semblerait que je fûsse bien plus malade que je ne le craignais, mais honnêtement, je m’attendais à ce verdict : antibiotiques, anti-inflammatoires, poudre contre la toux et les glaires, bref, la totale, angine et rhume combinés. Bon, rien que je ne connu point déjà. Par contre, contrairement à la dernière fois, on ne me donna pas les médicaments de suite, mais on me donna une ordonnance à porter à la pharmacie. Presque une heure s’étant déjà écoulée, connaissant mon corps, je me suis dit qu’il valait mieux que je me dépêche de rejoindre Kelly, histoire qu’il ne lui arrive rien. En revenant près de l’endroit où je l’avais quitté je vis son vélo, mais impossible de mettre la main sur elle. Ni sur la rive, ni dans le Starbucks attenant, ni dans les quelques restaurants à côté. Je commença à m’inquiéter quand je l’aperçu de l’autre côté de la route marchant comme si de rien n’était….elle était aux toilettes. Nous sommes allés manger juste à côté, dans un restaurant en sous-sol, qui se voulait être une sorte de caverne, avec es cavités formant des sortes de mini-salles privées avec à chaque fois une seule tablée. Soba au crevettes, pas mal du tout mais un peu cher. Sans s’en rendre on s’est vu facturer des chips à la crevette que l’on croyait gratuits. Un peu comme si en France, vous commandiez une bière dans un bar, le serveur vous apporte votre bière, puis une petite coupelle de cacahuètes et que l’on vous ferait payer les cacahuètes….une fois mais pas deux, hein ! En sortant de là, vers 20h30, en repassant près la rivière pour aller chercher nos vélos, nous sommes repassés près de l’endroit où le type d’avant chantait, mais maintenant il y avait deux autres personnes qui jouaient. Une fille au chant et à l’accordéon et un garçon à la guitare. Ca sonnait bien alors on est allé écouter, et puis en ce qui me concerne, la musique j’adore ça, et les concerts de rue, je trouve vraiment ça génial. Donc en compensation de ma fête de la musique ratée passée dans les avions et les galères,je me suis régalé de quelques chansons, dont j’ai filmé une partie, jusqu’à ce que ma batterie me lache. « U-Full » se nommait le groupe. Je suis allé discuté un peu avec le guitariste après. Pas pu m’en empêcher, question d’habitude…ce fut vraiment très sympa. Ensuite, nous avons remonté Kawabata-dôri jusqu’à Marutamachi-dôri, où Kelly est partie vers chez elle et moi chez le pharmacien, le même à qui j’avais demandé conseil le matin même. Il me reconnu d’ailleurs et s’enquérit de mes nouvelles, pendant qu’une pharmacienne préparait mes médicaments. Au Japon, c’est bien différent d’en France. On ne vous vends pas des boîtes entière de médicaments qui périment au fond des placards, n’est-ce pas, mère ? Mais on vous vends strictement le nombre de doses dont vous avez besoin pour votre traitement. Si vous avez une boîte à médicaments on vous les mets dedans, dans le cas contraire, dans un petit sachet en papier. Résultat des courses : 7500¥ pour le docteur et les médicaments, soit 45€ environ. Nous ne sommes pas bien loin des tarifs français, n’est-ce pas ? Trois fois par jour, un de chaque après chaque repas….et merde, je vais devoir prendre autre chose qu’un coca cola zero comme petit-déjeuner…J’ai commencé mon traitement ce soir, je sens déjà une amélioration….ça agit pour de bon ces trucs là!

Me voilà maintenant à la maison, le plein de nouilles instantanées refait pour la semaine a venir. La norme est restau à midi avec les gens de l’école puis râmen le soir à la maison. Ca me permet en théorie de ne pas dépasser les 1000¥/jour pour la nourriture….en théorie…je suis un gouffre à pognon !!

Bref, la prochaine fois, si j’en ai la force, je vous ferai un descriptif détaillé de chaque personne du « groupe ». Le « groupe » étant une entité si importante au Japon, que je ne peux m’empêcher de sourire en prononçant ce mot, ironie ou sarcasme ?

Bonne nuit et prenez garde à la clim’ !

Jour 6, Kyôto, Chambre ISE, 26 juin, 21h.

Bonsoir esprit, comment vas-tu en cette calme fin de journée ? La fin de la semaine approche et avec elle se termine aussi la première semaine de ce voyage au pays du soleil levant. Quels en ont été les enseignements ? Hmmm, y en a-t-il vraiment eu ? Oui, probablement, mais je crois que au final que rien ne fut vraiment surprenant, rien que je ne savais pas déjà.

A l’école, tout se passe bien. Une deuxième fille à rejoint ma classe pour la leçon de kanji. Semblerait qu’elle soit calée en kanji, enfin, comparativement aux autres niveaux, dès la fin de la leçon de kanji elle retourne dans sa classe et c’est à nouveau les cours en 2 face à 1 qui continuent. C’est-à-dire qu’il y a la professeur, Kelly, une fille de mon âge de Hong-Kong et moi. C’est rigolo, on paye pour des heures de classe en groupe et on à du 2-1. Normalement ça coûte beaucoup plus cher des cours en comité si réduit. Du coup, comme on est que trois, on rigole bien avec Kelly et la professeur, qui elles, sont à deux à nous faire cours sur la semaine.

Aujourd’hui, j’étais assez content du cours parce que j’ai appris deux-trois trucs que je ne connaissais pas. Bon, ça sert à rien que je donne le détail, d’autant plus que je ne peux pas écrire en japonais avec cet ordinateur, mais j’ai été content d’apprendre quelque chose de nouveau pour une fois. Le niveau s’accélère tout doucement aussi, mais comme il y a quand même une grande différence entre Kelly et moi, la compétition n’existe pas vraiment….pas de quoi me tirer de ma fainéantise habituelle, ni de quoi me préparer au rythme acharné que je vais devoir fournir à Taïwan dans deux mois. Je veux même pas y penser.

On a fait un truc trop cool hier. Avec Simon, un métisse coréen-canadien, et Kelly ,nous sommes allé nous acheter des vélos près de Kitaôji. Avis aux amateurs, magasins de vélos bon marché à quelques foulées de la station de métro. Nous sommes tous repartis avec un vélo pour moins de 6500 yens avec des lumières, un panier devant, des freins en état de marche, une béquille, des gardes-boue et pour les deux autres même un porte bagage ! Bref, des vélos corrects et e parfait état de marche pour pas cher. C’est fou comme je peux ressentir la vie différemment sur un vélo. C’est un peu bête à dire, mais je crois que j’aime pédaler. Un peu à la manière de Gart Wayatt qui « aime taper », je crois que j’ « aime pédaler ». Comment avoir l’air d’un blaireau fini en une phrase….C’est juste que je me sens tellement plus proche de la nature sur un vélo. Je peux côtoyer d’un peu plus près les oiseaux, je peux gravir les côtes et ainsi me rapprocher du sommet des montagnes et des nuages, je peux pédaler avec le courant des rivières et même fuir les chiens errants qui pourraient essayer de me croquer ! Il est si ardue de retranscrire avec assiduité ses propres sentiments, notamment lorsqu’il s’agit d’émotions positives. Pour je ne sais quelle raison, il est toujours plus aisé de parler de ce qui fait souffrir.

Après l’école aujourd’hui et après être allé mangé avec les gens de l’école. C’est-à-dire, la finlandaise enceinte jusqu’au cou, Tan, la taïwanaise doyenne de ses 33 piges qu’elle ne fait pas, Simon, 19 ans, Alessandra, une italienne proche de la trentaine, Kelly et moi. Il y a encore un chinois qui vient aussi dans l’école, mais il est parti avant qu’on puisse l’attrapper pour lui dire de venir manger avec nous. Donc après être allé manger, la finlandaise est rentrée chez elle et nous autres sommes allé visiter les temples Nishi-honganji et Higashi-honganji. Malheureusement, le Higashi-honganji est présentement en travaux et de ce fait nous n’avons pas pu voir grand chose. Néanmoins, en sortant et en allant vers le Nishi-honganji on vu des tortues et des jolis poissons. Quand nous sommes arrivés au temple, nous nous sommes retrouvés face à une effervescence surprenante :des dizaines et des dizaines de fidèles, voire des centaines, chiffons à la main, en train d’astiquer le temple et ses abords ! Une vraie surprise. On a pris quelques photos pour immortaliser l’instant. Semblerait qu’ils fassent ça une à deux fois par semaine en vérité. Temple très joli. Je reste toujours abasourdi par le détail des ornures en or qui surplombent la pièce principale de ces grands temples. Un travail d’orfèvre hors du commun. Mais il y avait aussi des travaux en cours dans l’enceinte du temple. Résultat : visiter ces deux colosses du bouddhisme japonais ne nous a même pas pris deux heures. Par conséquent nous avons décidé d’aller nous promener dans le parc Umekoji, un peu plus au Sud. Ce parc est en fait un lieu assez prisé lors de la floraison des cerisiers et probablement aussi un peu parce qu’à l’une de ses extrémités se situe un musée sur les locomotives à vapeur, que je ne manquerai pas de visiter ! Mais dès l’entrée, je vis sur la carte du parc qu’il y avait quelques endroit avec de l’eau, Inochi no Mori. Cependant, il fallu passer un petit portique et laisser 200 yens. Que le prix en valu la chandelle ! 200 yens pour goûter à un tel petit brin de nature en plein de coeur de Kyôto fut un vrai moment de détente pour moi. Me balader entre les arbres, écouter le bruit de l’eau ruisselant sur les cailloux. Regarder le chat dormir paresseusement sous le banc tandis que des poissons aussi gros que mes bras nageaient tranquillement à quelques pas de là.

Dans la continuité, on en avait déjà parlé rapidement avec Kelly hier, mais aujourd’hui on a proposé le projet aux autres aussi, on va tenter d’aller au lac Biwa samedi à vélo. Héhé ! que je suis fier d’avoir su motiver du monde à goûter à la découverte de son environnement à coups de pédales ! Bon, le truc c’est que, si j’ai bien compris, tout le monde se repose un peu sur moi, et moi je n’ai confiance qu’en mes jambes, parce que pour ce qui est des leurs, même si ils ont tous de jolis sourires, j’en doute un peu….mais bon, ça ne fait qu’une vingtaine de kilomètres tout au plus….il y a juste une petite montagne entre le lac et Kyôto par contre. Bon, on s’est dit que si jamais ça devait être trop juste pour rentrer, que l’on essaierait de trouver un endroit où dormir sur place et que l’on rentrerait le dimanche sur Kyôto. Ca va être trop bien de remonter sur un vélo en sachant que je ne sais pas où je vais, mais que quoi qu’il arrive je vais vers une communion avec la nature…Hikaru Genji, ouvre-moi la porte des tes amours ! Laisse-moi entrevoir sous quels cieux de tes jolis mots tu séduisais les femmes de la Cour d’antan…Biwako…J’aime tant me balader dans les rues de Kyôto et me remémorant les cours d’histoire que j’ai pu suivre à l’université, comment put être la vie dans cette ville qui fut plus d’une millénaire durant la capitale de l’empire du Japon. Ces femmes aux cheveux soignés vêtues de kimonos d’étoffes soyeuses marchant avec délicatesse sur leurs hautes geta. Kyôto, une ville si magique pour quiconque est un tant soit peu féru d’histoire et de littérature japonaise…Tant de choses, tant de choses s’abritent dans mon esprit lorsque je traverse les voies ici. Tant et si bien que je ne sais plus très bien ce qu’elles sont.

L’heure tourne et mon corps est affaibli pour je ne sais quelle raison. De plus, demain doit se tenir LE test, vaudrait mieux que je sois pas trop endormi….mais ça devrait être plus que facile quoi qu’il en soit….faut dire qu’il y a déjà des tests tous les jours plus des devoirs à rendre tous les jours aussi…je vous ferai un descriptif d’une journée d’école la semaine prochaine. Vivement le vélo, vivement Tôkyô, Kazuki, Anna. Que le temps passe vite et je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou non. Pour conclure, la vie à Kyôto est agréable à vélo, je commence à m’y faire et à l’appéricier.

Bonne nuit.

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